Pourquoi parle-t-on de 1000 premiers jours ?
De la période pré conceptionnelle au deux ans de l’enfant, ce sont les 1000 premiers jours. Elle constitue une période essentielle pour le développement tant physique et psychique de l’enfant et d’une certaine façon conditionne son bien-être tout au long de sa vie.
Grâce aux progrès de la médecine et de la science, l’importance de ces 1000 premiers jours fait désormais l’objet d’un consensus de tous les experts de la grossesse et de la petite enfance. C’est sur ce sujet qu’a travaillé une commission de 18 experts, présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, et lancée par le président de la République en septembre 2019.
“La plasticité cérébrale, psychologique, est telle qu’un bébé est très facile à blesser, mais très facile à rattraper.” Boris Cyrulnik
Le développement de l’enfant et de ses capacités commence dès sa conception. Il existe également un lien avant, par la vie sociale des parents et leur éducation car cela impact leur façon d’envisager la parentalité.
Pendant la grossesse, le stress prolongé que peut ressentir la mère se transmet au fœtus via le liquide amniotique ce qui entraîne des répercussions sur son cerveau. Mais ceci n’est pas une fatalité, si la mère se veut rassurante et confiante les réparations sur le cerveau se font en 24/48h et continue son développement.
On parle de « résilience neuronale » quand une personne a été confrontée à un isolement sensoriel. Au bout de trois semaines, une atrophie cérébrale est même visible, mais dès que le blessé est stimulé, très rapidement, le processus neuronal redémarre. Les étapes de la résilience neuronale peuvent être mises en évidence par imagerie médicale ou par des méthodes biologiques.
C’est pourquoi une mère sécure = un enfant sécure avec un bon développement du cerveau.
De ce fait, il faut dès le début de la grossesse mettre la mère dans un état de bien-être et de confiance. Il est également important de parler au fœtus car les basses fréquences de la mère sont perçues par l’os frontal du bébé. Ils apprennent à reconnaître la voix de leur mère et très rapidement après la naissance celle de leur père. Il a même été remarqué qu’ensuite un enfant comprend très vite les « codes » de discussion, en regardant une personne puis l’autre avant même que celle-ci ne réponde.
De ce fait en cas de violences conjugales, le cerveau du bébé « s’éteint » pour se protéger afin de mieux se développer après si l’enfant est sécurisé. C’est pourquoi il est possible par exemple qu’un enfant soit sécure à la crèche mais ne le soit pas à son domicile familial.
Le devenir de l’enfant repose sur ce qui l’entoure, soit la façon dont le bébé est nourri, toiletté, la façon dont on lui parle et dont on joue avec lui. C’est ce qu’on appelle la « Niche sensorielle », qui est formée selon l’histoire des parents et les valeurs culturelles de la société dans laquelle ils vivent
Il y a de nombreux pays, comme le Québec ou les pays de l’Est, qui ont compris l’importance de ce secteur et ils l’ont donc développé. Les résultats ont été, par exemple, une diminution de l’illettrisme, des incivilités et des difficultés scolaires. Ce qui montre un changement social, car l’argent investi dans les 1000 premiers jours des enfants ne sont pas mis ensuite dans les instituts spécialisés, les éducateurs ou encore la police/prison.
On peut également constater qu’un enfant insécure et qui a peur de des inconnus ne développe pas son langage et rentre à la maternelle avec 200 mots en connaissance contre 1000 pour un enfant sécure.
Les 1000 premiers jours d’un enfant sont un socle de départ, il acquiert des moyens de protection. Son évolution se fait pendant toute sa vie.
Sécure = Confiance sans la figure d’attachement
Sécurisé = Confiance si la figure d’attachement est présente.
Figure d’attachement = La figure d’attachement principale est la personne qui va s’occuper de l’enfant en priorité et de façon privilégiée, qui va lui permettre de grandir en toute sécurité.
Ceci est un résumé d’une conférence de Boris Cyrulnik sur les 1000 premiers jours.